vendredi 22 mai 2009

Après la Relève,

Petit hommage à un de mes héros favoris... Non pas que j'ai la flemme de bosser sur l'originalité d'une œuvre entièrement nouvelle, mais parfois je pense qu'il est important de savoir que l'on peut s'approprier l'œuvre. sinon Marcel Duchamps n'aurait pas exposé ses toilettes.


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"Nous nous leurrons dans une société qui s'enferme chaque jour dans sa prison dorée. Chaque jour, elle se prive de plus en plus de sa Liberté qu'elle revendique dans une folie pourtant dans une folie sécuritaire..."

Le message passe sur Internet et les chaînes nationales. Le syndicat des milices unis et les lobbies médiatiques sont sur le pied de guerre. La dernière fois que ces entités se sont épris à ce point sur un sujet remontent à l'attentat du métro de Shanghai plus de 300 morts dont tout un groupe d'étudiants américains en voyage d'étude. S'en suivit une traque du terroriste 'Hong HE' jusqu'en Corée du Nord qui entra en conflit avec la Chine et la Corée du Sud, jusqu'à la capture du terroriste en mer.

Il faut savoir qu'à l'heure actuelle la notion du terrorisme a quelque peu divergé au cours de ces dernières années. Depuis que le groupe WConsort a pris le contrôle de A-Securities leader sur le marché de la Sécurité intérieure, les lobbies ont bataillés dur pour faire restreindre les libertés d'expression et de cultes. Ainsi, le 1er amendement de la constitution a été rendue caduque mettant à l'index et devenant les principaux actes de violence jusqu'aux conflits armés. La sécurité devenant une priorité internationale au même titre que l'écologie ou la mondialisation. La Sécurité devenait alors une idéologie et un mouvement économique. Résultant de l'individualisme exacerbé par les réseaux sociaux, réduisant la sphère de la vie privée à une expression des plus encadrée et légiférée. La modération quant à elle est devenue un besoin de plus en plus radical. 'La sécurité le besoin de tous' le slogan lancé par Donald Grayson petit-fils de Dick Grayson qui a repris en main le consortium WConsort reprenant le flambeau dans la tradition de la famille Wayne. Reprenant en main le symbolisme de la légende de Batman pour servir cette nouvelle économie, il a fondé les B-SQUAD et son antenne de surveillance WSA pour Wayne Security Agency que n'aurait pas renié Batman lui-même. Une agence de surveillance privée capable de surveiller les moindres faits et gestes de toutes la population de Gotham mais aussi de bien d'autres personnalités. Cela dépassant les espérances de nombreuses agences gouvernementales qui ne disposaient pas du même budget, ni même de la base de données.

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Il venait de terminer son allocution. Il n'avait pas beaucoup de temps pour préparer comme à chaque fois que les messages sont lancés sur le réseau. La WSA mettait en moyenne 16 minutes à établir une zone de quadrillage pour capturer les auteurs et les diffuseurs des messages. Aujourd'hui autour d'une récente usine désaffectée. Il leur réservait une surprise de taille. Jusque là les médias avec l'aval des autorités s'arrangeaient toujours pour étouffer ou réduire ses actions à de simples faits divers, d'un escroc minable, beau parleur, gigolo, ou même gourou d'une secte de l'Amérique profonde. Les journalistes excellaient les uns et les autres dans l'exercice de la désinformation. Il faut avouer qu'il s'agit là d'un exercice commun dans le domaine de l'information-divertissement tellement plus digeste pour le consommateur. Mais ce soir il passera du statut d'un vulgaire criminel à celui d'une icône. Il préparait à recevoir ses invités et peaufinait les derniers détails.

Soudain, la porte des atelier de l'usine désaffectée explosa. Une unité B-SQUAD pénétrait dans la salle. Une équipe d'intervention avec un Molossus, une masse noire, un géant de métal, une armure vivante à la fois silencieuse et imposante composé de mini servomoteurs silencieux et d'un exosquelette sur lesquels reposaient de multitudes de micro-mécanismes dernier cri ainsi qu'une immense épaisseur de renforts blindés, le tout surmonté avec un casque noir, intégral, et allongé dotés de deux petites antennes. Cela donnait un aspect que n'aurait sûrement pas rechigné Batman lui-même.

Une partie de l'équipe d'intervention partit en reconnaissance dans l'usine tandis que le colosse métallique se dirigea vers un ordinateur portable émetteur, posé sur une caisse. Après avoir observé et scanné l'appareil, il débrancha ce qui le reliait au réseau. L'ordinateur se bloqua et Une vidéo s'activa.

La vidéo en noir et blanc, tournée dans l'usine montrait à contre jour, un homme svelte semble-t-il habillé chemise, gilet, et pantalon élégants accompagnés d'un haut de forme et d'une canne à pommeau doré qu'il manipulait avec dextérité. Il dansait sur un vieux classique de jazz sur lequel il semblait en maitriser parfaitement les codes. "Bonsoir mesdames et messieurs !" dans une voix déformée. Puis il s'assit sur une caisse en métal, le visage dans la pénombre, maquillage accentuant certaines rides. Mais le visage n'était pas reconnaissable.

Le Molossus tenta de manipuler pour désactiver l'ordinateur. Mais la vidéo continuait de tourner :

"Je te déconseille de chercher à arrêter cet enregistrement. Mais on sait tous que tu es un rabat joie. C'est dommage que tout le monde ne profite pas du spectacle mais on va arranger ça." Il claqua des doigts et soudain l'usine se mis sous tension et les lumières comme les machines s'allumèrent de partout comme si le travail avait repris dans l'usine.

L'équipe Bravo partie en reconnaissance dans toute l'usine, prise de court étant encore équipés pour certains de vision nocturne s'immobilisa et demanda directives au Molossus :
- Que se passe t il ? L'usine devait être désaffectée ! A vous.
Une voix électronique masquant l'identité de l'homme sous l'armure répondit :
- Il l'a remis en route. Terminé.
- Il est encore dans l'usine ? A vous.
- Au vue de la mise en scène, ce ne serait guère étonnant. Soyez sur vos gardes ! Terminé.

Soudain un cri fit sursauter le chef de l'équipe d'intervention, puis une série de cris étouffés.

- Équipe Bravo, répondez !

Pas de réponses.

- "Il est là." Dans une intonation qui ne cachaient pas le ton de la colère malgré la déformation vocale.
- Équipe Delta, allez porter secours à l'équipe Bravo soyez prudents ! A vous.
- Reçu !

Le Molossus restait seul avec l'ordinateur tandis que l'équipe Delta partit récupérer l'équipe Bravo. Après quelques minutes de recherche, l'équipe Delta trouvait l'équipe Bravo, tous étendus au sol, des fléchettes hypodermiques plantés dans chacun d'entre eux.

- Équipe Delta à Molossus, l'équipe Bravo à terre elle a besoin d'assistance médicale. On va l'évacuer.
- Reçu, équipe Delta, sécurisez la sortie.
- Reçu.

Alors que l'équipe Delta évacuait les blessés, Molossus tentait de remonter la source de l'émission vidéo. Mais l'ordinateur était parfaitement verrouillé. Un bijou que les entreprises A-Securities n'auraient pas reniés. La connexion vidéo était toujours en marche. Mais changement de plans, il filmait désormais la sortie par laquelle, l'équipe Delta était en train d'évacuer.

- Équipe Delta! Vous êtes à découverts ! Molossus hurlait dans sa voix métallique. Le piège se mettait en place sans qu'il puisse intervenir.

Une chaîne de production qui fonctionnait depuis la mise en marche de l'usine entrainait un une chaîne d'actions physiques entre objets anodins qui se succédaient. Des pièces en équilibre qui basculaient , des allumages contrôlés qui se déclenchaient dans une symphonie d'un rythme qui montait crescendo. L'équipe Delta se dépêchait d'évacuer les blessés. Tandis que Molossus scannait l'usine pour repérer des traces d'explosifs ou des présences humaines. Puis le mécanisme s'acheva en actionnant des pistons cachés qui dégagèrent des blocs de sécurité retenant un container monté sur des troncs. Le container pivotait dans un mouvement rapide , irréel mais dangereux vers la sortie qu'empruntait l'équipe Delta. Les membres de l'équipe Delta qui n'avaient pas réussi à s'abriter voyaient foncer vers eux un container qui semblait signer leurs épitaphes. Molossus fonça et bloqua le container avec un chariot lancé sur le container avant que ce dernier n'ait pu écraser ses victimes. Le choc violent plia le chariot laissant malgré tout un espace vital entre la sortie et le container. Le Molossus commençait à libérer les équipiers coincés entre le container et le mur.

- Équipe Delta, rapport de la situation !
- Deux officiers manquants ! Ils sont coincés par le container, blessés mais vivants.
- Je vais essayer de les dégager, préparer l'évacuation des blessés.
- Reçu !

Alors que ses mains d'acier commençaient à déplacer la carcasse de métal, l'acier hurlait sous la pression du Molossus. Dans un réflexe quasi-instantané, il se retournait ses senseurs avaient localisés une présence derrière lui. Il se tenait là, dans un rond d'un projecteur. A contre-jour, le visage n'était toujours pas visible. Une tenue visiblement taillée sur mesure tirant dans une combinaison mauve-violet pas très discret et toujours avec sa canne.

"Bonsoir !" dans une voix mielleuse.

Le Molossus décidait de ne plus faire de quartier. D'un bond, il volait littéralement vers sa cible. La canne frappa le sol, une trappe fit se dérober sous le sol le dandy. Molossus se retournait dans une vitesse de félin malgré sa masse. Il voulut regarder dans la trappe et passa sa tête. Une corde d'acier s'enroula immédiatement autour de son cou. Avant qu'il n'ait eu le temps de se délivrer. La corde tracté par un puissant mécanisme baladait le corps du Molossus sur différents longueurs des ponts de l'usine, percutant divers obstacles assez massifs pour endommager l'exosquelette des quelques fonctions motrices. Il finit suspendu à une poutre au milieu du plafond. Dans une ascension signant sa fin de course, il rencontrait son adversaire qui lui posa un charge explosive sur son casque tandis qu'il descendait sur une espèce de contrepoids.

"Ne panique pas ! On se reverra..."

La charge explosa.

Molossus essayait tant bien que mal de reprendre ses esprits et de communiquer avec les équipes extérieurs pour coincer le terroriste. La peinture magnétique brouillait l'ensemble des capteurs aussi perfectionnés soient-ils. Molossus était aveugle. Il était recouvert d'une peinture violette signant d'une couleur fétiche l'œuvre réalisée. Une caméra immortalisait la performance.

"Souris tu vas passer aux 20h."

C'est ainsi qu'un Joker renaquît de ses cendres. Menace légendaire, pour une paix et une sécurité qui régnaient depuis la fin du XXe siècle jusqu'à aujourd'hui. La folie, l'extravagance défendant d'une liberté disparue depuis l'avènement de la WSA refaisait désormais surface. Des décennies avaient changé le monde. La justice avait changé. Le crime avait changé. Mais les héros demeuraient.